— Ce n'était pas une raison pour gaspiller votre congé !
— Je ne le gaspille pas, rassurez-vous, car j'ai bien l'intention de vous demander de m'emmener visiter les Highlands.
— Je vous promets, Nancy, que sitôt ma mission terminée — elle le sera sous peu maintenant — je vous servirai de guide et qu'en rentrant à Londres vous connaîtrez les Highlands aussi bien que n'importe quel Highlander !
En dépit des protestations de Nancy, Imogène — lorsqu'elles furent au salon — déboucha une bouteille de whisky en affirmant qu'avec toutes ses aventures elle avait perdu le goût du thé vespéral et que le porto lui semblait un peu fade pour quelqu'un jouant avec la mort. Impressionnée, miss Nankett n'osa plus soulever la moindre objection. Jusqu'à une heure avancée de la nuit, miss McCarthery raconta à son amie tout ce qui lui était arrivé depuis son départ de Londres. Elle lui confia (car il fallait bien qu'elle se confiât à quelqu'un et, de plus, sir Henry devant rentrer sous peu, il n'y avait plus grande raison pour observer le secret) en quoi consistait sa mission et lui révéla la cachette où elle dissimulait les précieux documents. Miss Nankett, contrairement à son amie, n'avait rien d'une amazone toujours prête au combat. Malgré son peu de penchant pour le whisky, elle trempa fréquemment ses lèvres dans son verre, tant elle se sentait à la fois effrayée et passionnée par ce qu'elle entendait. Lorsqu'elle fut autorisée à donner son avis, elle dit sa conviction que les impitoyables adversaires d'Imogène — et notamment cet homme aux yeux bleus et à la moustache de phoque — ne désarmeraient pas jusqu'à l'ultime moment où ils reconnaîtraient avoir perdu la partie. Et puisque les policiers de Callander étaient des incapables, la sagesse ne conseillait-elle pas de réclamer un renfort à Londres ? C'est alors que miss McCarthery avoua qu'elle attendait Allan Cunningham et elle lut ainsi amenée à renseigner son amie sur ses histoires intimes qui doublaient ses exploits. Nancy s'intéressa davantage encore à ce lles-là quà ceux-ci.